Ça commence à faire beaucoup...
Amazon fait à nouveau face à de vives critiques au Québec après avoir confié l’accompagnement de ses ex-employés à une firme américaine sans ancrage local. Un article paru aujourd'hui dans La Presse met en lumière cette situation qui choque notamment le milieu syndical.
Rappelons que 1 700 postes ont été supprimés suite à la fermeture des sept installations dans la province.
Le géant du commerce en ligne a été dispensé par le gouvernement Legault de former un comité d’aide au reclassement, et ce, même s'il s'agit d'une exigence législative au Québec en cas de licenciements massifs.
Amazon a plutôt choisi LHH, une entreprise de ressources humaines basée aux États-Unis. La firme n'a aucun bureau permanent dans la province. Cette décision indigne la Confédération des syndicats nationaux (CSN) qui dénonce d'ailleurs le service minimaliste et impersonnel de LHH.
Selon des témoignages d’ex-salariés d'Amazon au Québec, le soutien proposé se limite à des conseils génériques accessibles en ligne, avec peu ou pas d’interactions personnalisées. Seul un outil d'intelligence artificielle pour retravailler les CV semble se démarquer des services offerts par la firme américaine.
Incompréhension chez la CSN
Du côté syndical, on pointe le manque de suivi concret. Ni formations adaptées ni efforts de mise en relation avec des employeurs potentiels n’auraient été proposés, malgré les engagements d’Amazon et de LHH.
Caroline Senneville, présidente de la CSN, a exprimé à La Presse son incompréhension face à ce qu’elle perçoit comme une forme de complaisance gouvernementale envers Amazon.
« Nous avons fait valoir l’opacité de la multinationale, l’absence d’interlocuteurs patronaux, l’incapacité d’Amazon de respecter le cadre légal qui prévaut au Québec… Malgré cela, le gouvernement permet à Amazon de donner des services de reclassement de piètre qualité, sans aucune forme de reddition de comptes. »
Mme Senneville a aussi ajouté que « contrairement à d’autres firmes de reclassement, à notre connaissance, aucun démarchage actif ne semble avoir été effectué auprès d’entreprises similaires qui pourraient avoir besoin de main-d’œuvre ».
Un son de cloche quelque peu différent du côté du gouvernement
La ministre de l’Emploi, Kateri Champagne Jourdain, affirme pour sa part que l’entreprise est surveillée de près et respecte les obligations en matière de reclassement. Des services seraient même offerts en personne sur demande, bien que plusieurs travailleurs assurent ne jamais en avoir été informés.
Le contraste est frappant avec les salariés des sous-traitants d’Amazon. Ces derniers bénéficient de services offerts par une firme québécoise financée par l’État et dans leurs cas, un véritable comité de reclassement a été instauré.
Au-delà des obligations légales, cette affaire soulève une question de fond: pourquoi confier à une entreprise étrangère le sort de travailleurs québécois, alors que des solutions locales existent?
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