Ce détail pourrait expliquer la défaite de Pierre Poilievre dans sa circonscription

Battu dans sa propre circonscription, Pierre Poilievre a reconnu la victoire de son opposant libéral durant son discours prononcé devant ses partisans à la fin de la soirée électorale.

Bien qu'il reste encore des boîtes de scrutin non comptabilisées, c'est dorénavant le libéral Bruce Fanjoy qui remplace le conservateur à la tête de la circonscription autrefois connue sous le nom Nepean-Carleton.

Le plus long bulletin de vote de l'histoire canadienne

Au-delà des enjeux politiques et des tensions avec le gouvernement Trump, certains se demandent si un autre facteur pourrait expliquer la défaite de Pierre Poilievre: le bulletin de vote de la circonscription de Carleton en Ontario.

Un bulletin de vote hors norme attendait les électeurs hier: 91 noms y figuraient, un record au pays.

Ce raz-de-marée de candidatures n’a rien d’un hasard. Il est orchestré par le Comité du bulletin de vote le plus long (The Longest Ballot Committee), un groupe militant qui s’oppose au mode de scrutin uninominal majoritaire à un tour.

Leur tactique? Saturer les bulletins dans des comtés stratégiques pour forcer le débat sur la réforme électorale. Et cette fois-ci, leur cible était de taille: nul autre que Pierre Poilievre, le chef du Parti conservateur et député de Carleton depuis 2004.

Logistique complexe

Cette forme de contestation a généré une logistique électorale inédite. Les bulletins imprimés en deux colonnes étaient si longs que les employés d'Élections Canada ont reçu une formation spéciale pour les plier sans compromettre le secret du vote. Et les urnes, habituellement prévues pour 1000 bulletins, n’en contenaient que 100.

Le dépouillement s'est avéré tout aussi complexe. Pour éviter tout retard, la loi a permis de commencer le décompte des bulletins six heures avant la fermeture des bureaux de scrutin. Cette mesure était déjà en place pour le vote par anticipation, qui a d’ailleurs battu des records avec 7,3 millions de votants.

L'avenir de Poilievre et du mode de scrutin

Malgré tout, Poilievre assure qu'il demeurera chef de son parti.

«Ce serait un grand honneur pour moi de continuer de me battre pour vous [...]», a-t-il annoncé à la foule un peu avant une heure du matin en ce 29 avril.

« Ma raison d’être en politique est et continuera d’être de restaurer la promesse du Canada », a affirmé le chef conservateur.

Poilievre n'a cependant pas abordé la perte de son siège dans sa circonscription.

Entretemps, on peut se demander si The Longest Ballot Committee est parvenu à faire passer son message et si les 90 concurrents qui se présentaient contre Pierre Poilievre ont réussi à diluer suffisamment le vote pour contribuer à la défaite du chef conservateur.