Corona annonce un changement majeur qui devrait plaire à de nombreux Québécois

À compter de septembre, les bouteilles de bière Corona vendues au Québec ne seront plus broyées pour être recyclées, mais seront désormais lavées et réutilisées.

Labatt amorcera bientôt un virage écoresponsable au Québec. Brassée à Montréal depuis 2021 pour approvisionner le marché québécois, la populaire lager mexicaine entrera dans une nouvelle ère. Dès septembre, ses bouteilles seront retournées à la brasserie Labatt située à LaSalle, où elles seront nettoyées puis remises en circulation.

Labatt a souhaité profiter de cette production locale pour adopter des pratiques plus durables. Filiale canadienne du géant belge Anheuser-Busch InBev, l'entreprise fondée en 1847 réutilisera la bouteille claire fabriquée en Ontario et ce, pour toutes les déclinaisons de la Corona (originale, légère, sans alcool).

La logistique de réutilisation est bien rodée chez Labatt avec ses emblématiques bouteilles brunes. Pour la Corona, le procédé demeure le même: les bouteilles transparentes seront soigneusement lavées à l’aide de puissants jets d’eau à haute pression. La seule adaptation technique aux installations existantes? Le remplacement des caméras d’inspection qui pourront mieux détecter les défauts sur le verre clair.

Cette méthode est déjà en place depuis 2024 à la brasserie Labatt en Ontario.

Une transition qui suscite des réactions partagées

Mais cette décision ne fait pas l’unanimité. Les détaillants en alimentation et le gestionnaire de la consigne québécoise dénoncent ce déploiement qu'ils jugent précipité.

Interrogé par La Presse, Jean-François Lefort, vice-président responsable de la stratégie à l’Association québécoise de récupération des contenants de boisson (AQRCB) souligne que les contraintes de tri logistique sont considérables. En effet, les bouteilles claires réutilisables doivent être stockées séparément des brunes et ces dernières doivent être entreposées sur des palettes différentes de celles destinées aux contenants à usage unique.

Samuel Bouchard Villeneuve, de l’Association des détaillants en alimentation du Québec, critique lui aussi le moment choisi pour ce virage qui a lieu durant la haute saison des retours consignés.

Plus logique, le verre, selon les experts

Pour leur part, les spécialistes en environnement saluent cette transition.

Amélie Côté, experte indépendante de la gestion des matières résiduelles, applaudit cette avancée et espère qu’elle entraînera d’autres brasseurs dans son sillage. « C’est ce qui est le plus logique, le verre, c’est un matériau durable », fait-elle remarquer.

Elle plaide pour une réforme réglementaire à l’image de celle menée en France afin d’encourager le réemploi de contenants.

Alors que leur utilisation a drastiquement chuté depuis une quinzaine d’années dans un marché largement dominé par la canette d’aluminium, les contenants en verre clair pourraient revenir en force. Avec la hausse du prix de l’aluminium et un approvisionnement de plus en plus incertain, ce format autrefois délaissé retrouve un certain attrait.

Selon Karel Ménard, directeur général du Front commun québécois pour une gestion écologique des déchets, l’initiative de Labatt prouve que le réemploi est non seulement toujours viable, mais aussi transposable à d’autres produits, comme le vin embouteillé au Québec.

La remise en circulation des bouteilles de Corona au Québec portera le total annuel des contenants à remplissages multiples à plus de 105 millions à travers la province, soit 20 millions de plus que ce qui se fait actuellement.