De plus en plus de commerces refusent de prendre de l'argent comptant.

L'organisation Option consommateurs a rapporté une hausse préoccupante des commerces au Québec qui refusent d'utiliser de l'argent comptant.

Selon Alexandre Plourde, qui est avocat et analyste chez Option consommateurs, de plus en plus de commerces refusent l'argent comptant et cela peut affecter plusieurs groupes, dont les Québécois à faible revenu, les personnes âgées, les individus scolarisés et les itinérants, qui dépendent très souvent des paiements en espèces: «Ça nous préoccupe parce que les plus grands utilisateurs de l’argent comptant sont les gens défavorisés économiquement et ça les exclut. [...] C’est pas marginal de payer en argent comptant. Il y a aussi beaucoup de gens qui n’ont juste pas de compte bancaire, qui préfèrent ne pas laisser de traces de certaines transactions ou qui veulent avoir un moyen fiable de payer en cas de panne ou d’attaque informatique. C’est leur droit.»

Plusieurs se souviendront d'ailleurs qu'en juillet 2022, une panne majeure du réseau de Rogers avait empêché les transactions par débit pendant toute une journée.

Options consommateurs effectue depuis quelques années une surveillance des commerces qui abandonnent le paiement en espèces. Aux dires de M. Plourde, le nombre de commerces ayant décidé de prendre ce virage a explosé depuis la pandémie.

Le Journal de Montréal a mené une expérience en début de semaine et comme le média l'a rapporté, deux commerces du Quartier Dix30, à Brossard, refusaient les paiements en espèces.

Parmi ceux-ci, on y retrouvait la chaîne DavidsTea. Sarah Vincent, porte-parole de la chaîne, a expliqué au Journal par courriel: «Nous avons pris la décision, dans le cadre de nos protocoles COVID-19 en 2020, de passer entièrement au numérique afin d’offrir l’expérience la plus efficace possible en boutique et de réduire les contacts de main à main.»

Du côté de Montréal, plusieurs boutiques et de nombreux restaurants ont aussi décidé de ne plus accepter les paiements en espèces.

Indiquons aussi que même la Société de transport de Montréal (STM) a abandonné l'argent comptant dans ses loges de stations de métro en février 2022.

Comme il y a vraisemblablement une zone grise concernant la légitimité d'une telle pratique, Alexandre Plourde dit souhaiter que le gouvernement agisse à ce sujet: «La loi est désuète et reste incertaine pour savoir si les commerçants peuvent ou non refuser l’argent comptant. En gros, si le commerce met un écriteau clair et visible qu’il refuse l’argent comptant ou s’il met une clause dans un contrat en ce sens, ça pourrait être légal dans ces circonstances.»

Laurence Marget, directrice générale de la Coalition des associations de consommateurs du Québec (CACQ), est du même avis que M. Plourde: «Le gouvernement doit changer la loi pour que ça soit interdit de refuser le paiement en espèces. Si jamais les commerçants qui vendent des biens essentiels, comme les pharmacies ou les épiceries, refusent les paiements comptants, ça serait catastrophique.»

Toujours selon ce qu'a indiqué Mme Marget, il faut aussi respecter les personnes qui souhaitent éviter les fraudes bancaires ou qui désirent que certaines transactions demeurent anonymes.

Enfin, Mme Marget a terminé en précisant que l'argent comptant ne devrait pas disparaître avant longtemps: «Il y a des complotistes entre guillemets qui disent sur internet que l’argent comptant va complètement disparaître et que c’est pour mieux les retracer. D’autres partagent de fausses informations à ce sujet. Il faut faire attention et faire la part des choses, sans tomber totalement dans le complot.»