Des employés menacent de ne pas travailler s'ils n'obtiennent pas du pourboire.
« Tout le monde doit se rappeler que le pourboire est discrétionnaire »
Alors que le pourboire est un sujet qui déchaîne les passions en Amérique du Nord, L'épicerie, émission diffusée sur Radio-Canada, y a consacré un segment lors de son plus récent épisode.
Lorsque vous achetez votre pain ou votre latte, vous avez sans doute remarqué que désormais le terminal de paiement vous demande si vous voulez laisser un pourboire. Une pratique qui ne laisse pas les consommateurs indifférents. En effet, ils sont nombreux à ne pas l'apprécier.
L'épicerie s'est entretenue à ce sujet avec Nicolas Delourmel, copropriétaire de la chaîne de boulangeries-pâtisseries Mamie Clafoutis. S'il n'est pas un grand fan de cette pratique, il explique ne pas avoir eu vraiment le choix.
« On s'est retrouvé un petit peu dos au mur, en nous disant : "Si vous nous mettez pas de tip, on ne vient pas travailler pour vous" », a-t-il confié. « Il n’y a pas de service réel à table, mais on l'a mis en place avec la COVID à la demande des employés, en fait, ce qui nous a aussi permis d'augmenter les salaires », a-t-il ajouté.
La mise en place du pourboire sur les terminaux de paiement dans ses succursales a permis de bonifier le salaire des employés de manière substantielle. « C'est à peu près 5 $ ou 6 $ de l'heure et ils peuvent monter jusqu'à 12 $. Si on me dit : "Vous avez juste à augmenter [les salaires] de 6 $ de l'heure", on n'en serait pas capable », a-t-il indiqué.
Il y a des consommateurs qui sont réticents à l'idée de donner un pourboire lorsqu'ils achètent une viennoiserie et ils sont dans leur droit.
« Il n'y a pas de loi qui oblige qui que ce soit à laisser du pourboire », a indiqué François Pageau, professeur en gestion de la restauration à l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec (ITHQ). « C'est plutôt une entente qu'on a convenu entre nous », a-t-il précisé.
« Les seules personnes qui ont le droit d'être payées au salaire minimum avec pourboire sont les serveurs et les livreurs, c'est-à-dire ceux qui vont donner une prestation de service directement aux clients », a-t-il fait savoir.
L'épicerie s'est également entretenue à ce sujet avec Richard Scofield, président du Groupe St-Hubert. « Est-ce que le modèle doit évoluer? Je pense que oui. Est-ce qu'on peut le faire seul? Il y a des restaurants qui vont essayer d'enlever la notion de pourboire, de l'inclure dans la facture, mais la clientèle n'est pas tout à fait là », a-t-il analysé.
« Tout le monde doit se rappeler que le pourboire est discrétionnaire », a-t-il souligné. « Ils ont le choix de dire non ».