Des restaurateurs dénoncent à leur tour le pourboire par carte et qui en profite véritablement
Plusieurs restaurateurs et experts dénoncent maintenant cette pratique qui commence à irriter bien des gens
Mon Fric
Alors que plusieurs citoyens se plaignent depuis un bon moment des options de pourboire sur les terminaux de paiement, les restaurateurs dénoncent que cette pratique profite aux fabricants des machines.
Selon la directrice des affaires publiques et gouvernementales à l’Association Restauration Québec (ARQ), Dominique Tremblay, les frustrations des consommateurs envers la prolifération des options de pourboire sont partagées par les restaurateurs aussi.
En effet, comme Mme Tremblay l'a fait remarquer, les commerçants ne tirent aucun profit de cette pratique et en réalité, ils sont perdants, car le pourboire par carte fait gonfler les frais de transaction.
Bien des clients l'ignorent, mais un entrepreneur doit verser un «taux d'interchange» à son fournisseur pour chaque dollar payé à l’aide d’un terminal de paiement. Mme Tremblay a ajouté que ces frais s'appliquent non seulement sur les transactions totales, mais ils incluent aussi la partie des pourboires: «Le restaurateur se retrouve donc à assumer des frais sur des montants qui ne lui appartiennent pas, car les pourboires doivent être remis en entièreté aux employés qui ont fait le service.»
La directrice des affaires publiques et gouvernementales a précisé que ces taux peuvent varier entre 1,25 % et 3,5 %, selon le type de carte de crédit.
Sandrine Prom Tep, professeure au département de marketing de l’UQAM, les fournisseurs encouragent des pourboires plus importants: «Si le modèle d’affaires des fournisseurs de solution est d’être payé en pourcentage de la transaction, ils ont intérêt à ce que le montant soit plus élevé. On pourrait donc croire qu’ils ont tendance à favoriser des options de pourboire plus élevées.»
Darren Leroux, directeur des communications chez Moneris, un fabricant de terminaux de paiement, a expliqué au journal Le Soleil: «Cette fonctionnalité dépend entièrement des entreprises. Les pourboires ne sont pas activés par défaut, donc ils ne sont pas demandés automatiquement. Une entreprise doit activer cette fonctionnalité lors de la configuration initiale de l’appareil, ou celle-ci peut être activée dans les paramètres ultérieurement.»
M. Leroux a aussi souligné le fait que l’option «Aucun pourboire» est toujours présentée aux clients, d'autant plus que l’entreprise ne peut pas la désactiver.
Toujours selon ce qu'a précisé M. Leroux, un guide d’utilisateur est envoyé avec tous les appareils et celui-ci contient une section dédiée aux paramètres de pourboire et à la façon d’activer les différentes options.
Bien qu'il ne soit pas en mesure de se prononcer sur la procédure employée par les autres fournisseurs, M. Leroux assure que Moneris donne le plein contrôle aux entreprises quant à l'activation ou désactivation des pourboires, la configuration des pourboires en dollar, la configuration des pourboires en pourcentage, l'ajout de pourboire préétabli et la modification des valeurs préétablies.
Selon Dominique Tremblay, il y a un autre irritant lié au pourboire par carte et c'est que celui-ci soit appliqué après les taxes: «C’est sûr que c’est un peu tannant, mais ce n’est pas quelque chose qui est caché. Ça fait des années que c’est comme ça. C’est de la programmation de terminaux et ce n’est pas le restaurateur qui a l’option que ce soit calculé de cette façon-là.»
Mme Tremblay a conclu en conseillant de laisser un peu moins que 15 % s’ils veulent donner ce pourcentage de la facture.