
Des propos préoccupants...
Selon le gouverneur de la Banque du Canada Tiff Macklem, l’économie canadienne a définitivement tourné une page. L’ère des échanges commerciaux sans heurts avec les États-Unis est dorénavant chose du passé.
Cette conviction, il l’a exprimée sans détour en entrevue avec Gérald Fillion à l’émission Zone économie sur ICI RDI: « L’époque des échanges commerciaux ouverts avec les États-Unis, c’est terminé ».
Ce constat s’inscrit dans un contexte plus large de transformation structurelle de l’économie mondiale. Droits de douane américains, tensions géopolitiques, dérèglements climatiques et percée rapide de l’intelligence artificielle, voilà autant de facteurs pouvant « déstabiliser le fin équilibre permettant une croissance de l’économie sans flambées des prix ».

Moins de remous que prévu, mais...
Si les derniers mois ont été moins chaotiques qu’anticipé, la prudence reste de mise. En début d’année, les menaces tarifaires de l’administration Trump avaient ravivé à la fois le spectre d’une récession et celui d’un regain inflationniste. La Banque du Canada s'est alors retrouvée au beau milieu de positions contradictoires.
Finalement, l’impact des tarifs américains s’est révélé plus limité que prévu, notamment grâce aux exemptions accordées aux produits conformes à l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM).
L’économie canadienne a remonté au troisième trimestre et une récession a été évitée de justesse. En moyenne, les exportations canadiennes vers les États-Unis sont soumises à des droits de douane de 5,9 %, un niveau relativement modeste comparativement à d’autres partenaires commerciaux de Washington.

Cet équilibre demeure néanmoins fragile. La révision annoncée de l’ACEUM suscite certaines inquiétudes puisque près de 90 % des exportations canadiennes pourraient perdre leur protection tarifaire. Déjà, à Washington, certains envisagent de remplacer l’accord trilatéral par des ententes bilatérales distinctes. Le premier ministre Mark Carney a lui-même prévenu que le cadre actuel du libre-échange nord-américain est appelé à évoluer.
Dans ce climat incertain, Tiff Macklem refuse de se projeter sur les prochaines décisions concernant le taux directeur. Hier durant l'entrevue à RDI, il s'est montré prudent et a indiqué que la Banque du Canada avancera « une décision à la fois ».
La préoccupation principale de la Banque du Canada : la stabilité des prix
La priorité de la banque centrale du pays demeure inchangée : la stabilité des prix. Après avoir dépassé 8 % en 2022, l’inflation s’est stabilisée près de la cible de 2 %. Toutefois, le coût de l’alimentation est en hausse depuis quelques mois. Et seulement entre octobre et novembre, les prix en épicerie ont bondi de 1,9 %. L’inflation annuelle alimentaire se hisse maintenant à 4,7 %, un taux record qu'on n'a pas vu depuis deux ans.

Pour le gouverneur, ces pressions s’expliquent par une combinaison de facteurs, allant de problèmes de récoltes, de coûts de transport élevés et des effets indirects des barrières tarifaires. Il s'attend à une accalmie, mais il est d'avis qu'elle ne suffira pas à résoudre le malaise persistant des Canadiens par rapport à l’abordabilité des aliments.
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