Doug Ettinger en avait long à dire et ça risque de ne pas plaire à tout le monde...
Le patron de Postes Canada, Doug Ettinger, a brisé le silence sur la situation difficile au sein de la société d'État dans une lettre qui risque de ne pas plaire à tout le monde.
Dans une lettre intitulée Notre engagement envers le Canada, le président-directeur général de Postes Canada dresse un portrait peu reluisant de la situation dans laquelle se trouve la société d'État.
« Le courrier papier est en déclin depuis 2006. D'année en année, Postes Canada livre moins de lettres à un nombre croissant d'adresses. Cela a pour effet de diminuer les revenus et d'augmenter les coûts. De surcroît, les transporteurs privés livrent de plus en plus de colis sur le marché canadien, ce qui aggrave nos pertes », explique-t-il.
« Malheureusement, lorsque Postes Canada enregistre des pertes, ce sont désormais les contribuables qui doivent les absorber - à hauteur d'un milliard de dollars par année actuellement. Cela n'est pas viable, et ce n'est pas non plus nécessaire. Plutôt que de compter de plus en plus sur les contribuables, nous pouvons apporter des changements concrets pour moderniser le service postal et le rendre rentable », souligne Doug Ettinger.
Par la suite, il lance un message clair concernant les changements majeurs à venir au sein de la société d'État annoncés la semaine dernière par le gouvernement Carney. « Postes Canada est toujours une institution nationale essentielle - et les Canadiens et Canadiennes méritent un service postal fort, stable et adapté à leurs besoins. C'est pourquoi je soutiens pleinement les mesures annoncées la semaine dernière par le gouvernement du Canada », écrit-il.
Dans la suite de sa lettre, le patron de Postes Canada prend le temps de justifier sa position.
« Premièrement, les boîtes postales communautaires. Actuellement, moins d'un ménage sur quatre reçoit encore la livraison à la porte. Le passage de davantage de foyers aux boîtes communautaires permettra de réaliser des économies importantes. Notre programme bien établi de mesures d'adaptation pour la livraison, utilisé par plus de 17 000 ménages, veille à répondre aux besoins de livraison des personnes qui ont du mal à accéder à leur boîte communautaire », peut-on lire.
« Deuxièmement, notre réseau de bureaux de poste. En 1994, pour protéger les services postaux ruraux, le gouvernement a établi une liste de bureaux de poste ruraux intouchables. Or, le pays a changé, mais la liste est restée la même. De nombreux bureaux de poste autrefois ruraux se trouvent aujourd'hui dans des banlieues ou des secteurs urbains avec d'autres bureaux situés dans des pharmacies ou des magasins à proximité. Dans ces zones désormais trop desservies, nous devons adapter notre réseau », peut-on également lire.
« Il est important de souligner que nous restons fermement engagés à protéger les services dans les communautés rurales, éloignées, autochtones et du Nord. Ayant moi-même grandi dans une région rurale de la Nouvelle-Écosse, je suis bien placé pour comprendre à quel point ces services sont essentiels », ajoute Doug Ettinger.
« Troisièmement, pour arrimer nos opérations aux besoins modernes du pays, nous devrons réduire notre taille. Il faut beaucoup de main-d'œuvre pour servir un pays aussi vaste que le Canada, mais nous avons un excédent de personnel. L'incidence des réductions sur nos gens sera limitée, puisque des milliers d'employés et d'employées seront admissibles à la retraite au cours des cinq prochaines années », assure-t-il.
« Nous devons évoluer parce que les gens n'utilisent plus le service postal comme avant. Et nous voulons être là pour les petites entreprises, partout au pays, pour qui notre service est important. Nous aborderons les changements à venir de manière directe, transparente et équitable. Nous serons attentifs aux préoccupations des gens et répondrons aux questions », indique-t-il.
Dans la fin de sa lettre, le PDG de Postes Canada aborde brièvement la grève en cours. « Bien que la situation actuelle sur le plan des négociations soit extrêmement difficile, nous sommes toujours déterminés à conclure de nouvelles ententes à la table de négociation. Il est impératif que ces ententes reflètent notre réalité financière et soutiennent les changements nécessaires - tout en nous permettant de fonctionner de manière autonome, sans financement public », écrit Doug Ettinger.
Il conclut sa lettre en laissant entendre que les changements majeurs annoncés par le gouvernement Carney sont la seule solution pour assurer l'avenir de la société d'État et qu’aucun retour en arrière ne semble envisageable.
« La transformation du service postal est maintenant amorcée. Nous partagerons des informations au fur et à mesure sur les changements à venir et leur mise en œuvre. Notre objectif est d'offrir à chaque Canadien et Canadienne un service abordable, fiable et durable, qui renforce notre fierté nationale en resserrant les liens qui nous unissent », écrit-il.
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