Postes Canada
Crédit photo: Adobe Stock

Les experts semblent unanimes concernant la situation chez Postes Canada

Ça n'a rien de rassurant...

Émilie Plante

Émilie Plante


En grève depuis jeudi, les employés de Postes Canada protestent notamment contre l’abandon progressif de la livraison à domicile. Cette mesure fait partie d'un plan de rationalisation d'Ottawa censé sauver la société d’État d’une faillite qui semble inévitable sans une transformation en profondeur.

La situation n’étonne guère les spécialistes qui sont d'avis que l’entreprise paie le prix d’une inaction prolongée face à un monde en mutation. C'est le constat qu'on peut lire dans un article publié dimanche par Radio-Canada.

Il y a vingt ans, Postes Canada livrait quelque 5 milliards de lettres par an. Aujourd’hui, on parle plutôt de 2 milliards de lettres. De plus, la part de marché de la société d'État dans le secteur de la livraison de colis est passée de 62 % en 2019 à moins de 24 % en 2025, résultat direct de la concurrence du privé.

Postes Canada, Capture d'écran YouTube - Radio-Canada Info
Capture d'écran YouTube - Radio-Canada Info

Pourtant, malgré ces signaux d’alerte, peu de mesures concrètes ont été prises pour moderniser l’entreprise, selon les experts.

Pour le professeur d’économie de l’Université de Moncton, Louis Corriveau, ce qui se passe avec Postes Canada illustre un exemple frappant d’immobilisme.

« Qu’est-ce qu’on fait avec des postiers dans une situation où il y a moins de courrier? Il faudrait réinventer l’entreprise pour qu’elle puisse perdurer, mais puisqu'elle est en conflit entre l’administration et les employés, il n’y a pas vraiment de confiance, alors la réforme devient très difficile », explique-t-il en entrevue avec Radio-Canada.

Une gouvernance en panne de vision

Pour Jean-François Ouellet, professeur agrégé à HEC Montréal, la crise actuelle est le fruit d’une gouvernance peu visionnaire: « Pourquoi on n’a pas été préparé alors qu'on savait que le commerce en ligne, par exemple, s’en venait? Pourquoi on n’a pas investi dans la logistique, de sorte à automatiser certaines choses? », déplore-t-il.

Il poursuit en mentionnant que le secteur privé s'est adapté plus rapidement, et tout spécialement en ce qui concerne la livraison de colis. Postes Canada fait bien piètre figure de son côté.

Jean-François Ouellet, capture vidéo YouTube - Radio-Canada Info
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Quatre mesures annoncées par Ottawa

Le plan de sauvetage présenté jeudi dernier par Joël Lightbound, ministre de la Transformation, prévoit des coupes drastiques: fin de la livraison à domicile, réduction de la fréquence de distribution, fermeture de bureaux ruraux et recours accru au transport terrestre plutôt que par avion pour le courrier non urgent.

Avec ces mesures, le gouvernement fédéral espère économiser 420 millions de dollars par an.

Réinventer Postes Canada: une urgence absolue

Jean-François Ouellet croit que ces mesures ne sont qu'un pansement temporaire qui ne freinera pas l'hémorragie à long terme.

À son avis, la société d'État doit revoir son modèle d'affaires: « On va couper dans les services et dans les coûts. Mais pour que Postes Canada demeure pertinente au 21e siècle, est-ce qu’elle ne doit pas offrir d’autres services? », poursuit-il en citant des exemples comme la Poste française qui a grandement diversifié ses services pour inclure la téléphonie, les produits bancaires ainsi que le commerce numérique.

Avec 1,5 milliard de pertes déjà enregistrées en 2025 et des pertes quotidiennes estimées à 10 millions de dollars, l'entreprise canadienne est dans une impasse.

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Source: Radio-Canada
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