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Les policiers n'interviennent plus pour les vols d’essence car ils augmentent sans cesse.
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Les policiers n'interviennent plus pour les vols d’essence car ils augmentent sans cesse.

« Avant, c’était à peu près une fois par semaine, là, c’est cinq à six fois par semaine »

J. Martel

Un reportage de Radio-Canada a révélé que les policiers du Nouveau-Brunswick n'interviennent plus lors d'un vol d'essence. Les autorités ont expliqué que cette décision a été prise en raison du peu de succès des enquêtes qui mènent à des accusations.

Le 15 mars dernier, l'Association des chefs de police du Nouveau-Brunswick (ACPNB) a envoyé un avis à l'industrie de la vente au détail de carburant l'informant qu’à compter du 15 avril, les services policiers ne seraient dépêchés que si l’incident constitue une menace immédiate à la sécurité du public.

Ryenne Pietrocupa, qui est gérante du dépanneur Needs à Caraquet, a expliqué à Radio-Canada que les vols ont augmenté dans le dernier mois: «Avec la hausse de gaz en ce moment, veut, veut pas, le coût de la vie a augmenté, on a de plus en plus de vols de gaz. [...] Avant, c’était à peu près une fois par semaine, là, c’est cinq à six fois par semaine. C’est pas des petits montants, ça peut aller jusqu’à 100 $.»

La gérante de la station-service Taylor Petroleum à Tracadie, Martine Losier, partage les mêmes craintes: «On ne fait pas beaucoup de profits sur les ventes de gaz, c’est sûr qu’on va faire des pertes avec ça.»

Mme Losier ne cache pas sa déception face à la décision des policiers de plus intervenir lors d'une plainte pour un vol d’essence, sauf en cas de danger: «Au niveau de la société, ça envoie un message comme que, dans le fond, c’est pas si grave que ça.»

Alors que l'ACPNB fait remarquer que le nombre de vols a augmenté de façon constante au cours des dernières années, les policiers des forces municipales et de la GRC ont reçu plus de 5200 plaintes pour vol de carburant de 2020 à 2023.

Sonya Gilks, porte-parole de l'ACPNB, a précisé que dans la plupart des cas, les preuves n’étaient pas suffisantes: «Le taux d’élucidation de ces dossiers est d’environ 6 %, ce qui signifie que seulement 6 % de ces plaintes ont donné lieu à des poursuites.»

Martin Gaudet, chef de la force policière de Fredericton, a ajouté: «Envoyer un policier ou une policière pour faire une enquête sur vol d'essence, un acte criminel qui est complètement évitable, ça ne nous fait pas de sens.»

Selon M. Gaudet, non seulement les enquêtes en lien avec ces vols sont laborieuses, mais elles donnent souvent peu de résultats: «Trouver [le suspect], chercher une déclaration du préposé, ensuite le préposé a besoin de présenter en cour quelques mois plus tard, c’est pas une bonne utilisation du système juridique, ou d’un service de police, lorsque c'est un crime qui est complètement évitable.»

L’ACPNB recommande aux détaillants d’évaluer d'autres options qui impliquent un prépaiement à la pompe, ou encore à un préposé à la caisse.

En Colombie-Britannique, tout comme en Alberta, une loi oblige le prépaiement avant de se servir à la pompe.

Sonya Gilks a souligné le fait que dans les deux provinces, les vols de carburant ont été pratiquement éradiqués.

M. Gaudet a invité les commerçants à se mettre à jour: «On a toute une responsabilité ici dans la province par apport à la sécurité publique et l’utilisation des services d’urgence et lorsqu’on voit une opportunité comme ça pour dire : ''là c’est le temps de changer la façon qu’on pense''.»

Martine Losier a réagi à ces propos en faisant valoir que ces systèmes peuvent impliquer des investissements importants: «Les commerces vont avoir à trouver des solutions pour contrer ça, peut-être faire payer les clients à l'avance, ce qui peut être problématique quand on sait pas combien un fuel va te coûter.»

Enfin, Mme Pietrocupa a conclu en confiant qu'elle se sentait laissée à elle-même: «Ça nous cause des problèmes, car il faut tout le temps que je surveille pour m’assurer que le monde ne part pas sans payer leur gaz.»

Source: Radio-Canada