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Les propriétaires de voitures électriques soutiennent qu'ils ne reviendraient pas à l'essence
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Les propriétaires de voitures électriques soutiennent qu'ils ne reviendraient pas à l'essence

Le Québec compte maintenant des centaines de milliers de véhicules électriques sur son territoire

J. Martel

De nombreux propriétaires de véhicules électriques soutiennent qu'ils ne reviendraient jamais en arrière.

C'est justement le cas Nicolas St-Gelais, un enseignant de 37 ans du Lac-Saint-Jean qui effectue chaque mois un aller-retour entre Saint-Nazaire et Mont-Laurier, soit une distance d'environ 1500 kilomètres.

M. St-Gelais a expliqué à Radio-Canada qu'à l'origine, il s'était converti afin de contribuer à la lutte contre les changements climatiques: «Avant, j’avais un véhicule hybride branchable, et tout le temps que je l’ai eu, j'avais hâte de tourner à l'électricité totale. [...] À la base, je ne rentrais pas dans la catégorie des gens pour qui c’était rentable, parce que je ne faisais pas assez de kilométrage dans une journée, mais j’ai vraiment fait le changement pour le côté environnemental.»

Lorsqu'il franchit la distance d'environ 750 kilomètres, M. St-Gelais doit effectuer quelques arrêts de chargement, dont un à Yamachiche, en Mauricie: «C'est deux ou trois recharges. Ça me prend deux heures de plus que si j'avais un véhicule à essence, mais j’économise 150 $ environ. Pendant mes arrêts, je prends le temps de lire un livre ou juste de me détendre. [...] Même si ça me prend deux heures de plus quand je roule, j'arrive à destination moins fatigué. Finalement, c’est bénéfique.»

Selon ce qu'a indiqué l'Association des véhicules électriques du Québec (AVEQ), le Québec compte environ 42 % du nombre total de véhicules électriques immatriculés au Canada.

Ces propriétaires pourraient d'ailleurs être affectés par une nouvelle taxe pour les véhicules électriques que Québec songe à imposer. M. St-Gelais ne se positionne pas contre une telle taxe, pourvu que les sommes servent réellement au transport collectif et à l'entretien du réseau routier.

Le jeune homme a précisé: «En tant que tel, je pense que c'est une fausse excuse du gouvernement pour aller chercher de l'argent. Si l'argent que je paye sert vraiment pour les transports en commun, des choses comme ça, pour vraiment réduire la quantité de véhicules sur les routes, moi, je verrais ça d'un côté bénéfique, mais il faut vraiment que l'argent revienne à ce niveau-là, par contre.»

Pascale Reny, qui est une autre propriétaire de voiture électrique, a expliqué à Radio-Canada avoir mis beaucoup de temps avant de finalement opter pour un tel type de véhicule: «J'ai été très difficile à convaincre. C'est mon mari qui a été obligé de faire fondre toutes mes résistances une après l'autre pour me convaincre d'avoir un véhicule 100 % électrique, parce que le fait de ne pas pouvoir avoir une assistance à essence en cas de besoin, c'était vraiment stressant pour moi. [...] Je peux vous dire qu'aujourd'hui, je ne reculerais d'aucune façon.»

La femme qui est originaire des Laurentides dit aussi être d'accord avec l'idée de frais supplémentaires: «Du moment que ça demeure raisonnable, je pense que c'est quand même bien, pour autant que ça serve au bien commun ou pour réinjecter dans des énergies vertes, bien sûr.»

Le président-directeur général de Mobilité électrique Canada, Daniel Breton, a invité le gouvernement à mener une réflexion sérieuse afin de financer le transport collectif et l'entretien des routes.

M. Breton a rappelé que plusieurs facteurs vont contribuer à réduire les sommes perçues en taxes sur le carburant: «Quelle que soit la façon dont on fait la transition hors pétrole, en transport collectif, en transport actif, en véhicule électrique, tout ça va contribuer à diminuer les revenus des taxes sur l’essence. Ayons une vraie discussion qui va parler de tous les impacts, y compris l'impact des véhicules à essence et des véhicules diesel sur la santé des Canadiens et des Québécois. [...] Ça va demander une réflexion beaucoup plus large sur la façon de financer la transition énergétique et les transports collectifs et sur l'entretien des routes que de simplement penser à taxer les véhicules électriques.»

Sylvain Juteau, qui est président et fondateur de Roulez électrique, ne cache pas son opposition aux frais supplémentaires d’immatriculation des véhicules électriques.

Selon M. Juteau, le fait d'accepter de tels frais ouvrirait la porte aux augmentations: «Si on y va avec une taxe sur l'immatriculation annuelle, ça va être comme une spirale. Ça va continuer, il va y avoir de moins en moins de revenus sur le carburant fossile, donc vont-ils décider de commencer à 100 ou 200 $, d'augmenter à 300 $ et, dans quelques années, on monte ça à 1000 $?»

Enfin, M. Juteau a fait remarquer lors d'une entrevue avec Radio-Canada qu'une telle taxe découragerait les acheteurs et les acheteuses: «Ça va donner des raisons aussi aux gens qui ne croient pas, qui ne veulent pas se convertir, parce qu'il y a toujours de la résistance au changement, mais là, on a la planète en jeu et l'avenir de nos enfants.»

Source: Radio-Canada