Les restaurateurs du Québec veulent faire payer les clients qui n'honorent pas leur réservation
Ils souhaitent imposer un montant aux clients qui ne se présentent pas...
Les restaurateurs de la province souhaitent convaincre le gouvernement Legault de leur permettre d'imposer des pénalités aux clients qui n'honorent pas leur réservation, rapporte Radio-Canada.
L’Association Restauration Québec (ARQ) souhaite obtenir l'autorisation d'imposer des pénalités de 20 $ aux clients qui n'honorent pas leur réservation.
Jules Dubé, du restaurant Provisions, situé dans le quartier Outremont, à Montréal, fait partie des nombreux restaurateurs qui doivent composer avec les «no-shows». M. Dubé a expliqué à Radio-Canada: «Vendredi soir, j’ai eu 63 clients et j’ai eu 6 annulations à la dernière minute, mais ça, c’est un bon vendredi, car généralement, c’est entre 10 et 20 annulations. J’ai dû refuser du monde aussi vendredi, et c’est peut-être des clients qui ne tenteront pas leur chance une deuxième fois pour venir essayer le restaurant.»
Martin Vézina, vice-président aux affaires publiques et gouvernementales à l’ARQ, a déposé mardi un rapport à l'occasion des consultations sur le projet de loi 72, qui est mieux connu du public comme étant le projet de loi encadrant les pourboires. Ledit rapport a notamment pour objectif de convaincre le gouvernement d’inclure des amendements au projet de loi 72 afin de permettre aux restaurateurs d’exiger une pénalité de 20 $ au maximum pour les clients qui annulent leur réservation moins de 24 heures à l'avance.
M. Vézina a précisé: «Un véhicule législatif pour modifier la Loi sur la protection du consommateur (LPC), il n'y en a pas tous les mois. [...] La pénalité de 20 $ ne cherche pas à dédommager les restaurateurs, mais plutôt à responsabiliser le consommateur. On est là pour changer le comportement du client, afin qu’à moyen terme, on n’ait plus besoin de l’utiliser.»
Comme l'a fait remarquer M. Vézina, l’article 13 de la LPC interdit d'imposer au consommateur, dans le cas de l’inexécution de son obligation, le paiement de frais, de pénalités ou de dommages, dont le montant ou le pourcentage est fixé à l’avance dans le contrat, autres que l’intérêt couru. Cette situation est unique au Québec, ce qui fait en sorte que dans toutes les autres provinces, «les restaurateurs peuvent faire ce qu'ils veulent».
Patrick St-Vincent, directeur principal, Stratégie de développement et des relations d’affaires, à La Table Ronde, dit être témoin de nombreux restaurateurs qui doivent composer avec les annulations de dernière minute: «Il y a des gens qui réservent dans trois ou quatre restaurants chaque soir; c'est devenu un fléau. Ça représente des pertes importantes avec les employés à l'horaire, l’enjeu de gestion des produits frais; c’est catastrophique.»
Julien Masia, du restaurant Arvi, à Québec, a décidé pour sa part de contrer ces annulations en mettant sur pied une plateforme de réservation qui offre un billet pour son menu unique: «On n’a pas le droit d'après la loi de le faire en direct, mais comme c’est une offre, comme un billet, c’est comme offrir une expérience. Si les gens annulent dans un temps raisonnable, on peut annuler ou déplacer leur réservation.»
Signalons enfin qu'un sondage commandé par l'Association à la firme Léger en septembre 2023 avait révélé que 69 % des 1009 répondants étaient en faveur d’une pénalité variant de 5 à 20 $ par client.