Le chef d'antenne s'est vidé le cœur...
L'animateur et chef d'antenne Pierre-Olivier Zappa a signé cette semaine une chronique dans laquelle il explique pourquoi il a décidé de laisser tomber les véhicules électriques. Voilà qu'il a été invité à s'exprimer à ce sujet lors d'une entrevue avec Richard Martineau.
C'est sur les ondes de QUB radio que Pierre-Olivier Zappa a accepté de se prêter au jeu de l'entrevue avec Richard Martineau.
Dès le début de l'entrevue, Pierre-Olivier Zappa a reconnu que sa chronique avait beaucoup fait jaser: «L'objectif, c'était une contribution au débat public sur les politiques publiques qui entourent le déploiement des véhicules électriques. Oui, ça fait beaucoup réagir. J'ai entendu plein de gens, écoute, j'ai arrêté tout à l'heure au dépanneur, on m'en a parlé, à l'épicerie, on m'en a parlé, mes voisins m'en ont parlé, mes parents m'en ont parlé.»
Richard Martineau s'est amusé à souligner le fait que Pierre-Olivier Zappa semble fâché sur la photo qui accompagnait sa chronique et le chef d'antenne a expliqué: «Écoute, j'ai l'air de quelqu'un qui est un peu tanné, parce qu'il y a des irritants. Et je suis parti de ce qui pourrait relever de l'anecdote, mon expérience avec deux véhicules électriques, pour ensuite réfléchir à comment, collectivement, on peut articuler la transition vers l'électrique, vers des énergies renouvelables.»
Parmi ces irritants, Pierre-Olivier Zappa a d'abord parlé du manque de bornes de recharge: «Il n'y a pas assez de bornes. Tu sors de Montréal, Richard, tu t'en vas à Québec, il n'y a pas assez de bornes. Il n'est pas normal qu'on nous vante la simplicité d'un véhicule électrique, mais que chaque fois que je fais Montréal-Québec, il faut que je coordonne le choix de mon hôtel avec la disponibilité d'une borne. Je te donne un exemple. Nous, on va au Hilton en famille à Québec. Arrive au Hilton, il y a deux bornes pour l'ensemble de l'hôtel. Alors là, t'es là sur ton téléphone, puis là, tu vérifies la disponibilité de la borne, et là, dès que la borne se rend disponible, tu cours pour aller là. Et sais-tu quoi? [...] Il y a deux hôtels à Québec où j'ai pas eu de problème, c'est le Château-Frontenac et le Capitole. La facture de ces hôtels à Québec où j'ai pas eu de problème, c'est le Château Frontenac et le Capitole. La facture de ces hôtels-là, dis-moi, c'est pas à la portée de tous et heureusement, c'est pas moi qui avais à débourser ça, c'est pas accessible à tout le monde.»
Selon Pierre-Olivier Zappa, cette situation illustre très bien le problème qu'il souhaitait souligner: «Et c'est un peu le mot que je veux dire, on peut avoir des discours apologétiques sur le véhicule électrique, si vous habitez dans un condo puis que vous avez pas accès ou un appartement, vous n'avez pas accès à une borne à la maison, ça complexifie la détention d'un véhicule électrique.»
Richard Martineau a ensuite fait référence au passage de la chronique dans lequel il est expliqué qu'il est parfois très difficile de charger une voiture pendant l'hiver. Pierre-Olivier Zappa a expliqué: «Si vous êtes dans votre voiture, puis que vous conduisez à essence, je vais vous expliquer comment fonctionne le branchement d'une borne rapide sur le circuit électrique. Je ne parle pas des bornes Tesla, les bornes du circuit électrique. C'est des bornes où il y a un fil que je compare dans ma chronique à un anaconda. Et c'est un très gros fil qui est retenu avec une tension. Et là, pour le déployer sur plusieurs mètres, il faut vraiment tirer. Ça demande un effort physique soutenu. C'est gelé l'hiver. Et puis le fil n'est plus flexible. Alors là, tu sais, des fois, je ris de moi-même. Je riais de moi-même l'hiver, alors là, puis le fil n'est plus flexible. Je riais de moi-même l'hiver, les deux pieds dans la neige à trois rivières, par exemple. Puis là, tu viens d'attendre une demi-heure pour que la borne se libère en regardant les autres autour de toi et en disant, mais qu'est-ce que je suis en train de faire?»
L'animateur et chef d'antenne a d'ailleurs souligné le fait qu'il n'est pas le seul propriétaire de véhicule électrique à avoir changé son fusil d'épaule: «Richard, cette réflexion que j'ai aujourd'hui sur le véhicule électrique, c'est une réflexion personnelle, mais si je regarde l'état du marché... Depuis la baisse des subventions fédérales et provinciales, le marché s'est effondré. Les ventes sont en baisse de 40 % sur un an au Québec. C'est dire que pour que le marché du véhicule électrique soit en effervescence, il faut que le gouvernement mette de l'argent. Il faut que le gouvernement subventionne ces chars-là pour qu'ils constituent un attrait pour les clients. Et ça, ce n'est pas normal. Si artificiellement, on gonfle ce marché-là, qu'on subventionne tous les véhicules électriques, peut-être que le taux d'adoption va être plus fort. Mais dès qu'on retire les subventions, le marché s'effondre.»
Richard Martineau a fait remarquer qu'au même moment où le gouvernement met fin à des subventions pour l'achat de véhicules électriques, les élus souhaitent promouvoir la filière électrique. Pierre-Olivier Zappa a aussitôt poursuivi en ce sens en affirmant: «On rentre dans la filière électrique alors que les constructeurs eux-mêmes tirent la sonnette d'alarme. Je vais te donner deux exemples. Ford. Tu connais ma passion pour les états financiers. Quand je lis les états financiers de Ford, le constructeur américain perd plus de 130 000 $ par véhicule électrique vendu. Ce que ça veut dire concrètement, c'est qu'on n'a pas réussi encore à amortir les coûts de développement, de fabrication et de conception des véhicules électriques. Donc, les constructeurs perdent de l'argent. Un autre Américain, GM, la semaine dernière, a décidé d'annuler la construction d'une usine électrique de 300 millions de dollars à New York et de privilégier la construction avec un coût de près d'un milliard de dollars d'une usine de moteur à essence V8. Alors, tu vois, les constructeurs font marche arrière. Les politiciens également s'interrogent.»
Tandis que le gouvernement a pour objectif d'interdire la vente de véhicules à essence à partir de 2035, Pierre-Olivier Zappa doute de la possibilité d'un tel projet: «Dans à peine 10 ans, théoriquement, les moteurs à essence seront interdits dans les véhicules neufs. Et j'ai envie de dire, il faut rapidement y penser parce qu'à la fois les constructeurs ne sont pas prêts. Il pourrait y avoir des événements qui changent la donne. Du jour au lendemain, Richard, on accepte que les véhicules chinois à bas prix, que pour 16 000 $, on puisse se procurer un bon véhicule électrique. Peut-être que la donne va changer et complètement transformer le marché. On n'est pas à l'abri de ça. Le facteur chinois est important. Mais si l'État, si nos gouvernements continuent de bloquer les véhicules abordables chinois et qu'on a seulement des véhicules qui coûtent 50, 60, 75 000 $ à acheter, qui n'ont plus de subvention, j'ai envie de te dire que ce n'est pas une solution de transport qui convient à tout le monde.»
Selon Pierre-Olivier Zappa, les frais liés à un véhicule électrique ne sont pas adaptés au budget du grand public: «Ce n'est pas tout le monde qui a 600 $ de plus à mettre sur des assurances par année. Ce n'est pas tout le monde qui veut changer de pneu.»
Voici l'entrevue complète de Pierre-Olivier Zappa:
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