Un ancien agent de bord se vide le cœur sur les conditions de travail chez Air Canada

Plusieurs vols d'Air Canada ont été annulés aujourd'hui, conséquence directe du lock-out imposé à ses agents de bord qui ont voté en faveur d’un mandat de grève qui pourrait débuter dès samedi. Certaines conditions de travail sont jugées inacceptables par les employés et un ancien agent de bord a d’ailleurs pris la parole publiquement pour les dénoncer à son tour.

Alexis Richard, un ex-agent de bord chez Air Canada Rouge, s'est exprimé en toute franchise hier dans une vidéo de 4 minutes sur TikTok. Son cri du cœur est rapidement devenu viral, récoltant plus de 12 000 mentions « j'aime », plus de 1300 partages ainsi que des commentaires par centaines.

« Let’s go la grève », lance-t-il d’entrée de jeu, affirmant avoir été « souvent outré » par les pratiques de l’entreprise. Selon lui, les revendications des employés sont tout à fait légitimes puisque de nombreuses heures de travail ne sont tout simplement pas rémunérées.

Il décrit un quotidien où le compteur ne démarre qu’au moment où les roues de l’avion se mettent en mouvement. Tout ce qui précède n'est pas rémunéré, de l'arrivée anticipée à l’aéroport, au passage de la sécurité et des douanes, de l'attente en cas de retard, des vérifications de sécurité, de l'accueil des passagers au rangement des bagages dans l'avion allant jusqu'à la préparation des repas.

« Quand vous, les passagers, êtes fâchés parce qu’il y a une tempête de neige et qu’il y a des délais des à la météo, ben dites-vous que nous autres aussi, on n’est pas payés et qu’on passe tout ce temps-là à poireauter à l’aéroport », confie le jeune homme.

Autres pratiques dénoncées

Le TikTokeur dénonce aussi le drafting, une pratique qui permet à l’employeur d’imposer un quart de travail sur appel.

Il explique dans sa vidéo que s'il n'a pas déjà une journée de congé « protégée », il peut être forcé à reprendre le service dès le lendemain, avec aussi peu que « 10 ou 12 heures » de temps de pause avant de remettre l'uniforme pour de très longues journées de travail. Il évoque même des journées qui peuvent atteindre 17 heures.

Alexis Richard met aussi en lumière la disparité entre les conditions offertes aux agents de bord de la maison-mère et ceux de sa filiale à bas coût, Air Canada Rouge, tout en précisant que le volume d’heures payées est bien inférieur au temps réellement consacré au travail.

Et dans les commentaires, il précise même avoir omis un détail. Les sièges réservés aux employés peuvent parfois être vendus par la compagnie aérienne, obligeant ainsi les agents de bord à devoir rester debout durant les vols.

Une vidéo en appui aux employés

Si l’ancien agent de bord garde de bons souvenirs de ses voyages et des avantages liés à ce qu'il nomme les « passes stand-by », il insiste sur le fait que le combat actuel du Syndicat canadien de la fonction publique qui représente près de 10 000 agents de bord est légitime.

La grève à venir révèle une réalité que bien des passagers ignorent, celle d’un métier exigeant où de longues heures restent invisibles et impayées.