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Un éleveur de porc du Québec contrarié de ne pas pouvoir vendre ses bêtes hors de la province.
Courtoisie Cécilien Berthiaume  

Un éleveur de porc du Québec contrarié de ne pas pouvoir vendre ses bêtes hors de la province.

« On se fait avoir par Olymel. On les enrichit »

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Un éleveur de porcs a exprimé son ras-le-bol, car il est dans l'impossibilité de vendre ses bêtes à meilleur prix à l’extérieur du Québec.

Cécilien Berthiaume possède une production porcine de 8 millions de dollars à Saint-Elzéar, en Beauce. Alors que la crise affecte gravement son industrie, M. Berthiaume se désole de la situation actuelle: «Je ne suis pas capable de sortir un cochon en Ontario ou aux États-Unis. [...] On se fait avoir par Olymel. On les enrichit. On laisse 18 dollars sur la table par animal. On doit ouvrir pour nous permettre d’en vendre plus hors Québec avec transparence. »

M. Berthiaume n'est pas le seul producteur à devoir composer avec cette situation, or les autres producteurs préfèrent s'exprimer anonymement afin de ne pas déplaire à Olymel.

L'éleveur de porcs n'hésite pas à dénoncer Olymel: «Olymel contrôle le volume. Avec la dernière convention, on leur a donné l’intégration complète. Ils sont morts de rire. »

Tout en faisant remarquer que le transformateur québécois a des ventes qui dépassent les 4,5 milliards de dollars, M. Berthiaume ajoute: «Les éleveurs sont condamnés à perdre de l’argent avec la formule actuelle. On sacrifie un paquet de petites fermes.»

Olymel, qui a été questionné par le Journal de Montréal, a refusé de commenter les propos de M. Berthiaume.

Du côté des Éleveurs de porcs du Québec, l'organisation s'est présentée comme étant favorable à un «rapport diagnostique de la compétitivité de la filière».

Le président David Duval a déclaré: «Le revenu des producteurs est actuellement inférieur de près de 50$ du coût de production d’un porc. Or, avec l’ancienne formule de prix négociée en 2019, le revenu des producteurs serait quand même déficitaire d’environ 40$. La crise des liquidités à la ferme que nous vivons actuellement est surtout due au prix des grains et à la référence de prix américaine qui est très bas. [...] Depuis la pandémie, les Éleveurs ont entrepris plusieurs ventes de porcs avec des acheteurs hors Québec (majoritairement au Canada) afin d’écouler les porcs en surplus, à la suite de la réduction des achats d’Olymel.»

Un éleveur de porc du Québec contrarié de ne pas pouvoir vendre ses bêtes hors de la province.

En ce qui concerne le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation (MAPAQ), André Lamontagne, ce dernier a assuré être en train de préparer une mise à jour d’un portrait-diagnostic vu les «nombreux changements mondiaux».

Le ministre a indiqué: «La diminution des niveaux d’abattage et de production est un phénomène observé à l’échelle mondiale. Le marché extérieur offre donc peu d’opportunités pour les porcs vivants du Québec, notamment en raison des coûts supplémentaires. [...] Nos équipes économiques sont engagées avec le secteur dans le développement de nouveaux marchés avec des produits à haute valeur ajoutée. Je reviens justement d’une mission au Japon en mars dernier afin de faire la promotion de notre porc québécois à l’international.»

Rappelons enfin qu'en 2021, le gouvernement provincial a investi 150 millions de dollars dans Olymel, dont 74 millions de dollars du nouveau Fonds pour la croissance des entreprises québécoises du ministère de l’Économie et 76 millions de dollars d’Investissement Québec.