« Ils n’ont aucun sens du business »
Exaspéré par le gouvernement caquiste, le PDG de Groupe Dynamite et principal actionnaire du Royalmount songe à plier bagage vers les États-Unis, peut-on apprendre dans un article de La Presse.
Malgré une croissance fulgurante et une valeur en bourse dépassant les 6 milliards de dollars, Groupe Dynamite pourrait bien tourner le dos au Québec. Son fondateur et PDG, Andrew Lutfy, ne cache pas son ras-le-bol face aux politiques gouvernementales qu’il juge déconnectées des réalités économiques. En entrevue avec La Presse, il a avoué être « écœuré » de l’inefficacité du système d’immigration et du manque de soutien aux entreprises de la part du gouvernement.
Des plans freinés par le manque de vision du gouvernement
Lutfy a même fait un parallèle entre le premier ministre Legault et les « curés d’il y a 100 ans », ajoutant que ceux-ci ne favorisaient pas l’esprit entrepreneurial des jeunes et qu'ils ne voyaient pas d'un bon œil l'atteinte d'objectifs économiques ambitieux.
Il s'est dit frustré de l’incapacité de la province à gérer efficacement les permis de travail. Des designers et dirigeants clés du Groupe Dynamite se heurtent à des délais absurdes et à une instabilité administrative qui freinent les plans d’expansion du PDG. « 75 % de mes revenus dépendent de leaders qui ont un visa avec un terme de 13 mois en moyenne » s'indigne-t-il.
La Presse rapporte que la majorité des designers de talent et un tiers des cadres de l'entreprise proviennent des États-Unis, dont la présidente, Stacie Beaver. Bien que son permis de travail ait été prolongé de trois ans il y a huit mois, rien n'assure qu'il sera renouvelé passé ce délai.
Durant l'entrevue, Lufty ajoute qu'avec le resserrement des règles depuis janvier, l’embauche de talents internationaux accompagnés de leur famille se complique puisque les conjoints ne sont pas en mesure de travailler au Québec.
Une économie étranglée par l’idéologie
L’homme d’affaires reproche au gouvernement Legault de n'avoir « aucun sens du business » et en dénonce la vision idéologique étriquée. À son avis, Québec est trop orienté vers la francisation au détriment de la compétitivité économique. Et après deux années de démarches infructueuses, Québec et Ottawa se renvoient la balle sans jamais lui offrir de solutions concrètes.
De plus, Lufty juge inacceptable que la région montréalaise ainsi que le centre commercial Royalmount soient exclus du projet pilote portant sur l’extension des heures d’ouverture des commerces. Il avait d'ailleurs rencontré Christopher Skeete à ce sujet au moment où celui-ci était délégué à l’Économie à ce sujet. Le patron de Groupe Dynamite avait insisté sur les retombées économiques importantes que le projet pilote pourrait générer à Montréal, mais le gouvernement n'a pas donné suite à ses demandes.
« Ce n’est pas un gouvernement normal. Ce n’est pas une province normale. Ce n’est pas un gouvernement qui a du courage politique, ça, c’est certain. Et l’économie en paie le prix. Et les Québécois en paient le prix », se désole-t-il.
L’appel à l’action du milieu des affaires
Lutfy n’est pas seul à tenir ce discours. Le Conseil du patronat, la Chambre de commerce du Canada et l’Observatoire Grand Montréal appellent tous à une refonte des politiques d’immigration pour répondre aux besoins économiques pressants.
Installé depuis toujours au Québec, le PDG de Groupe Dynamite pense « sérieusement » à relocaliser son siège social aux États-Unis, soulignant que 85 % de ses ventes proviennent des États-Unis. Ainsi, il aurait à jongler avec moins de contraintes et moins d’impôts, et profiterait d'un cadre plus stable pour attirer des talents pour son entreprise.
« Si, au bout de la ligne, rester au Québec est un problème, je vais déménager », affirme-t-il.
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